Le Pitch de l’aéroport est non rémunéré : les agences doivent-elles concourir ?
Un nouveau pitch fait à nouveau parler de lui dans le milieu publicitaire ! L’aéroport de Genève a posté sur le site d’appel d’offres publics simap.ch le cahier des charges pour la réalisation d’une « action de communication et de marketing opérationnel pour les commerces et restaurants ». Ce mandat estimé à CHF 500’000.- a une durée de trois ans (janvier 2021 à décembre 2023) et il porte, comme son titre le laisse entendre, sur la refonte de l’identité visuelle des commerces et restaurants, la création de campagnes thématiques et la refonte des campagnes tactiques.
Ce qu’on attend des agences
Dans les grandes lignes, les agences doivent remettre un concept de communication globale avec des déclinaisons de campagne (off et online) et une proposition de plan média… le tout sans aucune rémunération. De quoi fâcher les agences romandes LSA qui s’insurgent contre cette pratique. « Cela commence à devenir une habitude, regrette Michael Kamm, CEO de Trio et représentant romand pour le LSA. On ne paie pas pour les pitches et le nombre d’agences n’est pas limité. Au final, tout le monde est perdant même l’équipe qui remporte le mandat ! »
La réponse de l’aéroport
« C’est la règle des appels d’offres publics, insiste-t-on. Nous ne pouvons pas limiter le nombre de mandataires qui voudraient participer à un appel d’offres et ils doivent être tous traités de la même manière. Et personne n’est rémunéré pour y participer. Nous restons, selon les conditions définies dans cet appel d’offres, à la disposition des agences pour une visite in situe et pour répondre à toutes leurs questions. » Un geste positif envers les agences, car le processus des appels d’offres publics n’implique pas forcément ces types de contacts avec le mandataire. Et de conclure : le choix de participer à un appel d’offre est du ressort de l’agence. »
Un choix entrepreneurial
Il est clair que personne n’est obligé de participer à un pitch. Mais vu le contexte économique, il est difficile de passer à côté d’un mandat sur trois ans ! La difficulté pour les agences de communication est de se retrouver traitées au même niveau que des prestataires techniques. Il est évident que préparer un devis n’est pas identique à concevoir une stratégie de communication qui va demander du temps aux équipes créatives. Un temps qui sera au final perdu si l’on perd comme si l’on gagne car la préparation sera au final comprise dans le budget global…donc jamais payée.
Rien de nouveau me direz-vous. Où si ? Les pratiques des entreprises publiques sont en train de se généraliser chez les privés. Les règles du LSA sont très claires. Tout pitch doit être rémunéré. Si toute la profession refusait d’y participer, les mauvaises pratiques s’arrêteraient. Les agences doivent éduquer le marché. Et faire partie d’une association professionnelle est un des moyens d’arriver à cet objectif. Il n’y a pas d’autre solution.